Burkini, hijab, niqab... : le vrai problème n’est pas celui que vous croyez
- hildegarde-france
- 28 mai 2022
- 7 min de lecture

La récente autorisation du port du burkini dans les piscines municipales de Grenoble a relancé le débat sur la place du voile, et plus généralement de la religion mahométane dans l’espace public. Le moins que l’on puisse dire est que cette décision a déclenché — comme à son habitude lorsqu’il s’agit de la question du voile — des réactions passionnées de part et d’autre de l’échiquier politique autorisé. La gauche intersectionnaliste a salué ce qu’elle considère être une « avancée » pour la « Tolérance » et l’« Inclusion » tandis que la droite assimilationniste s’est immédiatement dressée contre la municipalité EELV iséroise, pointant du doigt sa faiblesse à l’égard des « lobbies islamistes » et un recul de l’art de vivre à la française. Enfin, une certaine gauche, de plus en plus minoritaire et héritière du socialisme version Troisième République, y voit une menace pour la laïcité et la neutralité de l’espace public.
L’ensemble de ces positions — y compris celle de la pseudo-« droite » zemmourienne qui n’a rien à envier aux idées d’un Clemenceau à ses heures les plus intransigeantes — sont toutes rigoureusement et également erronées. Une personne véritablement de droite ne peut se satisfaire d’aucune de ces opinions exprimées, car bien qu’apparemment différentes, elles procèdent toutes d’une même vision sécularisée de la religion comme culture et non comme culte.

C’est pourquoi une personne de droite — aussi étrange que cela puisse paraître au premier abord — doit se positionner contre l’interdiction du burkini dans les piscines, du voile dans les lycées… et même du niqab dans la rue, et doit, au contraire, ne pas se tromper de débat. Car le vrai problème, ce n’est pas qu’il y ait des femmes voilées en France, mais qu’il y ait des musulmans en France.
L’art de se voiler la face quand on n’y connaît rien
Le voile : tout le monde en parle, mais personne ne semble maîtriser le sujet... y compris parfois certaines concernées qui, aux côtés de personnes aussi éclectiques que Rokhaya Diallo, Caroline Fourest ou Robert Ménard, se posent en expertes d’un sujet indiscutablement complexe.

Tout d’abord, revenons-en à un fait. Le voile islamique est un voile religieux : c’est une évidence à rappeler aussi bien aux droitards laïcards rangés derrière Éric Zemmour qui entendent édicter l’art et la manière d’être une bonne musulmane qu’aux gauchistes intersectionnalistes (parfois musulmans !) qui veulent faire du voile un bout de tissu comme un autre. Le voile est un vêtement symbolique que l’on retrouve, à des degrés divers et variés, dans pratiquement toutes les cultures et religions (y compris païennes) du monde. Les hommes y ont toujours vu — du moins lorsque leur weltanschauung est innervée de sacré — un symbole universel signifiant ce qui doit être caché aux yeux des non-initiés : les atours d’une femme, la consécration d’une vierge, la préservation d’une mariée… Le port de ce vêtement est étroitement lié à un système de pensée différenciant radicalement le sacré du profane. Le voile est donc constitutif d’une compréhension du monde de droite : distinction entre l’homme et la femme, entre la virginité et le mariage, entre la jeune fille et la mère, entre le laïc et le religieux… autant d’aspérités étrangères à la pensée progressiste et moderne.
Ainsi, démystifier le voile pour mieux le faire accepter par la population, comme tentent de le faire les gauchistes intersectionnalistes, c’est se tromper lourdement quant à la véritable nature de ce vêtement. Des initiatives comme le Hijab Day à Sciences Po il y a quelques années ou encore celles du collectif féministe Lallab tendent à banaliser voire à « folkloriser » un habit qui n’a fondamentalement pas vocation à l’être. Ces musulmanes 2.0 nourries aux théories intersectionnalistes (par essence hostile à toute forme de religiosité) en viennent à désacraliser et profaner leur propre religion dans l’espoir de voir naître une société plus tolérante envers l’islam.
De son côté, la gauche républicaine laïcarde considère le voile comme la manifestation outrancière du mahométisme dans l’espace public, alors envisagé comme un sanctuaire « neutre » préservé de toute influence religieuse. En d’autres termes, la religion islamique a sa place en France pourvu qu’elle se sécularise en prenant exemple sur le catholicisme au début du XXe siècle. C’est toutefois méconnaître ce qu’est une religion (en latin religio : « ce qui relie »), car tout système de croyance possède inévitablement une dimension organisationnelle de la vie sociale et est par conséquent nécessairement visible. Il s’agit d’ailleurs d’une des raisons pour lesquelles les sociétés religieuses sont fondamentalement intolérantes (ce qui n’est pas un mal, bien au contraire). Refuser que l’islam ne soit visible revient en réalité à refuser le statut de culte à l’islam. Ce que la gauche républicaine nomme « religions » n’en sont essentiellement pas. Le catholicisme français d’aujourd’hui n’est plus un culte mais une culture et les musulmans sont tenus de courber l’échine et d’acquiescer à la « culturisation » de leur culte.
Il est assez amusant de constater que la droite cuck et zemmourienne ne fait pas autre chose lorsqu’elle considère que l’islam doit « se faire discret » en France. Tout au plus, elle reconnaît une supériorité culturelle — là encore ! — du catholicisme sur l’islam en France en raison de son histoire, mais elle ne traite pas le vrai fond du problème. Dans une Europe grand-remplacée, cet argument n’aura en effet bientôt plus aucune espèce de légitimité. Pourquoi continuer d’invoquer les « racines chrétiennes » si les musulmans deviennent majoritaires ? C’est le nombre qui fait la loi, et non les concepts.
Ce brusque rappel de la réalité du Grand Remplacement permet heureusement de nous saisir du vrai débat que les polémiques stupides sur le voile masquent avec une redoutable efficacité.
Ne nous trompons pas de débat !
Le « problème du voile », ce n’est pas qu’il y ait des musulmanes qui décident de porter le hijab, le burkini ou même (au risque de choquer une partie des lecteurs) le niqab — il s’agit là de leur droit le plus strict. En effet, dans l’absolu, la manière dont une femme décide de s’habiller en accord avec ses convictions philosophiques et religieuses ne regarde qu’elle. Le véritable problème de fond soulevé par la présence de femmes voilées en France est la manifestation de plus en plus croissante d’une religiosité radicalement étrangère à la terre de France. Autrement dit, ce n’est pas le voile per se qui pose problème, mais l’anormale présence en Europe des musulmanes qui le portent. Le problème, ce n’est pas l’islam, c’est l’islam en France et en Europe. Car sans immigration de masse, pas de femmes voilées dans nos rues : c’est une équation simple que beaucoup semblent pourtant avoir oublié.
Vouloir contraindre les femmes musulmanes à « s’occidentaliser » en abandonnant leur voile est en premier lieu la manifestation d’une foi naïve en l’assimilation (qui peut exister, mais qui reste en fin de compte extrêmement rare) mais c’est aussi et surtout la validation morale du Grand Remplacement par la droite. Autrement dit, les arabo-musulmans ne nous poseront plus aucun problème lorsqu’ils troqueront leur voile ou leur chéchia pour un béret et qu’ils donneront naissance à des Jean ou des Marie. Mais c’est en réalité leur présence en Europe due à la politique migratoire déréglée de ces cinquante dernières années qui est fondamentalement problématique. L’Europe est la terre des Aryens et doit le rester, que les allogènes soient assimilés ou non n’a finalement que peu d’importance.

Par ailleurs, ce n’est pas à la loi de traiter des situations conjoncturelles et particulières, car sous couvert de défense de la laïcité, et même avec les meilleures intentions du monde, c’est en réalité tous les citoyens pratiquant une religion en France qui se retrouvent concernés par ces mesures. Combien de fois en effet, au nom de ce terrible principe, les crèches de Noël ont-elles été évincées de nos mairies à l’image des mères voilées lors des sorties scolaires ?
Certains droitards diront que ce n’est pas au nom de la laïcité qu’il faut interdire aux femmes musulmanes de se voiler mais au nom du catholicisme rétabli en tant que religion d’État. Mais il s’agit là non seulement d’une ignorance du véritable problème que pose la présence des femmes voilées en France (qui est un problème politique imputable au Grand Remplacement, et non un problème relevant de la souveraineté du spirituel) autant qu’une mécompréhension profonde du rôle de l’État.
Quand l’État français se rêve Grand Mufti
Le point de convergence substantiel de la position droitarde (pro-laïcité comme pro-« catholique ») avec celle de la gauche républicaine est celui de penser que l’interprétation de textes sacrés en vue de traiter un problème politique fait partie du domaine de compétence étatique. Nous en revenons encore à la distinction fondamentale qui doit être opérée entre le spirituel et le temporel : l’État n’a aucune légitimité à légiférer sur la manière de nous habiller et encore moins de pratiquer une religion. Cette conception erronée puise en grande partie ses origines lors de la Révolution française, et en particulier au moment de la Terreur qui entrepris de réorganiser le clergé catholique pour le conformer aux principes républicains.

L’État français (fût-il catholique) n’a donc pas à codifier la manière dont les musulmans doivent pratiquer leur religion. Il ne lui appartient pas non plus de se faire l’exégète de tel verset du Coran ou de tel hadith de Boukhari. Là n’est pas son rôle. Par conséquent, ses lois sur « la burka » (qui n’existe pas en France, ce que l’on appelle abusivement « burkas » désignent en réalité des niqabs), sur le port du voile à l’école ou ses invectives sur le burkini à la piscine ou à la plage sont parfaitement illégitimes. En revanche, il lui incombe d’assurer la protection physique, morale et culturelle des Français. Ce qu’une vraie personne de droite doit attendre de l’État, c’est une politique de remigration massive, une réaffirmation de la prééminence de la religion catholique en France et une défense intransigeante de nos intérêts auprès des puissances musulmanes impérialistes telles que la Turquie et l’Arabie Saoudite… Et non de décréter une ligne de conduite en matière d’habillement religieux. La question des femmes voilées en France doit être réglée par l’État avec les outils relevant de sa compétence, c’est-à-dire en tant que souveraineté temporelle (et non spirituelle). L’État sera d’ailleurs bien plus efficace en procédant de cette manière qu’en tentant vainement d’imposer une interprétation sécularisée de la religion mahométane ou d’en assimiler ses adeptes. Le problème spirituel posé par la présence de l’islam en France est d’abord le résultat d’un problème temporel qui est celui du Grand Remplacement ethnique et civilisationnel. Extirpons donc le danger mahométan à sa racine et ne nous contentons pas de tenter de résoudre de faux problèmes superficiels tels que le burkini à la piscine et le halal dans les cantines qui n’en sont que les effets.
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