Pourquoi perdons-nous depuis 200 ans ?
- hildegarde-france
- 12 janv. 2023
- 7 min de lecture

Article à lire en prolongement de celui-ci.
Colonialisme, libéralisme, productivisme, assimilationnisme : le camp de la France perd depuis deux-cents ans en absorbant des idées fondamentalement étrangères à toute pensée nationale et objectivement contre les intérêts de notre Nation.
Repliés dans une posture réactionnaire et anti-révolutionnaire, le camp national se révèle incapable d’être dans une démarche créative de proposition. Nous ne faisons que réagir face aux avancées de nos adversaires. Et il faut se rendre à l’évidence : nos adversaires sont bien plus créatifs, bien plus innovants, bien plus efficaces que nous.
Mais au-delà de la question des financements, qui est le nerf de la guerre en politique, ou du monopole médiatico-culturel de nos adversaires, qu’est-ce qui explique, fondamentalement, le recul de nos idées dans la sphère publique ? Qu’est-ce qui, cognitivement, dans notre psychologie, dans notre ethos, dans notre manière d’appréhender le monde explique notre perte de vitesse depuis deux-cents ans ?
Voici, en quelques mots, une tentative de réponse à cette question cruciale dans la guerre que nous menons.
Idéalisme et intellectualisme : le bourgeoisime mental de la « droite »

L’un des premiers éléments de réponse qui saute aux yeux dans le milieu militant traditionnel est pour le moins paradoxal tant on connaît l’ardeur des penseurs de droite à la combattre : celle de la négation du réel. Elle est pourtant bien présente : du romantisme assimilationniste à la nostalgie des grandes heures de siècles heureux en passant par la croyance en une restauration de la monarchie de droit divin dans l’un des pays les plus athées du monde, la droite extra-parlementaire française se révèle être complètement déconnectée du réel. Tant est si bien que l’on se demande, en écoutant certains discours, si l’on vit bien dans le même pays que les personnes qui les émettent…
Les pseudo-héritiers de saint Thomas et d’Aristote ont bien des choses à balayer devant leur porte. On pense que la France est redevenue nationale parce que Papacito ou Conversano recueillent beaucoup de vues. On s’écharpe sur la légitimité de Louis XX ou du comte de Paris. On philosophe sur Maurras et Carl Schmitt. On parle du transhumanisme. On argue sur l’orthographe du mot « roi » — avec un y ou avec un i ? C’est important ! On débat sur le bien-fondé du drapeau tricolore pour représenter notre pays.
Pendant ce temps-là, nous nous faisons grand-remplacer.

Au moins, on peut encore débattre sur la légitimité de Pépito…
Tous ces droitards de salon sont à l’image des théologiens byzantins débattant sur le sexe des anges pendant que Constantinople se faisait assiéger par les Turcs.
Qu’on le veuille ou non, si le militantisme se résume à aller à des conférences sans que cette formation ne débouche sur un engagement généreux et concret, la contribution à la reconstruction de la France est de zéro. Elle est même contre-productive.
La négation du réel, en plus d’être erronée d’un point de vue doctrinal, nous empêche de porter un diagnostic objectif et réaliste sur l’état de notre pays. In fine, elle nous interdit de trouver des solutions adéquates pour remettre en question ce qui doit l’être. En ne voyant que ce que l’on a envie de voir, il est impossible de comprendre notre monde. L’Espérance chrétienne ne doit pas nous empêcher d’être réaliste sur la situation de la France ou même de l’Église.
Les mauvais diagnostics que nous posons nous rendent ainsi inaudibles aux oreilles du quidam. Elle entraîne, bien souvent, une mauvaise priorisation des besoins avec une hypertrophie sur le sociétal qui ne parle pas à la majorité des Français. À l’heure du grand remplacement et de la précarisation généralisée, le transhumanisme, bien qu’il s’agisse d’un enjeu bioéthique majeur, est un non-sujet pour monsieur-tout-le-monde.
Prenons donc garde aux accusations que nous formulons contre la gauche internationaliste que l’on qualifie d’« hors-sol » et de « trop cérébrale ». Nous le sommes aussi, et parfois plus qu’elle…
L’esprit réactionnaire et contre-révolutionnaire : l’inévitable repli sur soi anti-politique

La réaction est un sentiment dont le camp national doit se débarrasser au plus vite.
Cette attitude, séduisante voire légitime au premier abord, se révèle rapidement incapacitante — tout comme son corollaire, la contre-révolution. En effet, ces deux postures expliquent à elles seules beaucoup de nos échecs.
Pourquoi ? Parce que l’accent porté sur la réaction plutôt que sur la pro-activité, la contre-révolution plutôt que les propositions, enferme l’esprit dans un positionnement formellement anti-politique — qui est, par essence, tourné vers l’extérieur. S’opposer aux avancées de nos adversaires, définir notre pensée en réaction à un événement historique (en y réfléchissant, y a-t-il chose plus absurde que cela ?), c’est finalement n’exister qu’à travers l’autre. C’est être spectateur et non moteur du débat politique. Si nous voulons arrêter de subir, sortir de la pensée réactionnaire et contre-révolutionnaire est la première des urgences.
Cette posture réactionnaire est d’autant moins pertinente qu’aujourd’hui, l’institution est entre les mains de nos adversaires. La posture révolutionnaire est donc de notre côté : saisissons cette chance !

Se révolter ? Ah non, chérie ! Et notre prêt immobilier alors ?
Malheureusement, beaucoup de gens à l’esprit manifestement obtus semblent confondre la Révolution française et la révolution tout court, c’est-à-dire la révolution comme processus politique et populaire. Quand nous disons qu’il faut être révolutionnaire et non anti-révolutionnaire, cela ne veut pas dire qu’il faut acclamer Robespierre, mais que l’insurrection révolutionnaire est aujourd’hui le seul moyen possible de reprendre le contrôle sur les institutions et qu’il ne faut rien attendre du système démocratique tel qu’il existe aujourd’hui, ni de potentielles réformes. Nous ne sommes pas des réformistes. Le système entier est vérolé et est appelé à s’effondrer. C’est un constat factuel : ce système est né dans le sang et périra dans le sang.
Cet esprit anti-révolutionnaire, bourgeois-qui-tient-à-son-confort et bien-pensant est également révélateur de notre incapacité à être dans une démarche créative et de proposition. La posture réactionnaire, par définition, nous interdit de proposer de nouvelles choses, d’explorer l’inconnu, d’innover et donc d’être en prise avec notre époque et ses enjeux propres.
L’esprit contre-révolutionnaire, et sa tendance pathologique au repli, se confine en attendant le grand soir qui renouvellera, sans notre intervention, la société dans son ensemble. Ce comportement puéril et anti-politique nous empêche de diffuser notre message. Or, pour gagner, nous devons inclure les gens et non les exclure. Nous ne devons pas chercher à édifier une contre-société avec des entreprises de droite ou des écoles de droite. Nous devons, au contraire, oeuvrer au bien commun.
Les gens de gauche font l’art que les gens de droite vendent aux enchères

À dire vrai, le point de départ de la réflexion qui est à l’origine de cet article est une question qui m’a souvent taraudée : pourquoi tous les grands acteurs, les grands réalisateurs de films, les grands chanteurs, les grands artistes, en bref, pourquoi le monde de la culture mainstream est-il de gauche ?
On peut toujours se plaindre des financements, mais cette première explication ne fait que repousser le problème : d’où sortent les producteurs qui peuvent permettre à un projet artistique (cinématographique, musical…) d’aboutir ? Ces gens, à un moment de l’histoire récente, ont pris d’assaut le monde de la culture qui était pourtant bien plus pluriel il y a quelques décennies de cela. C’est donc nous qui avons laissé le monde de la culture à nos adversaires. Il est par conséquent impératif de se remettre en question, et ne pas geindre dans son coin en se disant que c’est à cause du Grand Méchant Rouge que la production culturelle est de gauche. Soyons adultes et reprenons-nous en main.
Plusieurs facteurs, à mes yeux, peuvent donner quelques indications et expliquer comment et pourquoi nous avons progressivement abandonné le monde de la culture à la gauche. Monde crucial et dans lequel il faut investir massivement si nous prétendons à reprendre le pouvoir politique. Faire des vidéos sur Youtube ne suffit pas. Tant que nous n’avons pas un équivalent d’Avatar (en termes de moyens et de succès) de nos idées, nous ne pouvons pas considérer avoir gagné la bataille culturelle.
Premier facteur : la créativité implique, par définition, d’explorer de nouvelles idées. Ainsi, les personnes les plus créatives se concentrent moins sur la manière dont les choses sont et davantage sur la manière dont elles pourraient être. Ces personnes sont donc plus susceptibles de s’intéresser ou de s’exposer à de nouvelles idées (ou du moins à des idées différentes) qu’à celles qui sont conventionnelles dans leur culture ou leur époque. Par exemple, les artistes trouvent souvent que les idées nouvelles sont plus attrayantes car plus inspirantes pour nourrir leur créativité. Il s’agit là d’une première explication, mais elle n’est guère suffisante, parce qu’aujourd’hui, précisément, l’institution ce sont les idées de nos adversaires, et la rébellion, ce sont nos idées. Encore une fois, je pense que nous ne mesurons pas l’importance de l’opportunité qui s’offre à nous aujourd’hui ! Il faut la saisir. Mais les gens qui partagent nos idées se lancent rarement dans des carrières artistiques. Pourquoi ? Cela m’amène au deuxième facteur explicatif.
Deuxième facteur : les carrières artistiques ne sont tout simplement pas assez valorisées au sein des familles partageant nos idées. Ce n’est pas un choix professionnel qui est proposé ou même évoqué, car nous valorisons des carrières et des métiers qui sont adossées aux valeurs promues dans « nos milieux » : l’ordre, la conservation, la prudence. Autant de valeurs étrangères au monde artistique, mais familères à celles du droit, de la banque ou du patrimoine où nous retrouvons majoritairement des gens de « droite ». Il existe aussi un manque de stabilité, notamment familiale, inhérente aux métiers de l’industrie du divertissement (les tournages de films, les tournées de concerts) qui est à l’opposé du modèle familial valorisé par les gens partageant nos idées.

Charles-Xavier, tu feras HEC comme ton frère ! Je ne veux pas que tu finisses intermittent du spectacle !
Nous pouvons donc raisonnablement affirmer que l’esprit de nos adversaires est fondamentalement plus créatif que le nôtre puisqu’il cherche à remettre en question ce qui existe. Ce questionnement perpétuel du statu quo permet à la gauche d’être plus tournée vers la créativité, ce qui n’est pas l’attitude « instinctive » de la personne de « droite ». Cela permet non seulement à nos adversaires de se porter plus naturellement vers des métiers artistiques et culturels qu’une personne de « droite » — et donc de faire passer les messages qu’ils souhaitent promouvoir via la mass culture —, mais en plus d’être dans une proposition politique plus intéressante et plus attrayante, car la gauche se positionne d’emblée dans une posture d’innovation. Et le cerveau humain, en particulier occidental, est programmé pour trouver ces idées plus attrayantes, car nous sommes naturellement des êtres curieux.
Mais nous avons une chance inouïe : nous sommes l’alternative et les productions artistiques (de tous les genres) de nos adversaires sont de plus en plus laides et ennuyeuses.
Qu’attendons-nous donc pour nous lancer en tant qu’acteurs, réalisateurs, chef-opérateurs, scénaristes, musiciens, chanteurs ? Qu’attendons-nous pour former des groupes de musique, produire des films et des séries ?
La créativité, le Beau, l’esthétique, à l’heure de la toute-puissance de l’image, doit être la priorité du propagandiste qui sommeille en chacun de nous.
Il y a 90 ans, jour pour jour, l'extrême-droite authentique et sans compromis jadis représentée en la personne du Führer 𝑨𝒅𝒐𝒍𝒇 𝑯𝒊𝒕𝒍𝒆𝒓 (1889 ♰ 1945) l'emportait sur l'infâme République judéo-maçonnique de Weimar via un pouvoir de transition, obtenu après des mois de tractations dans les palais ministériels suivis d'un accord avec le clergé politique (Zentrum), grâce au soutien conjoncturel des conservateurs. L'Allemagne échappait de justesse à l'anarchie bolchevique – qui eût précipité en dernier ressort 𝐥𝐚 𝐜𝐡𝐮𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐥'𝐎𝐜𝐜𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭 –, et la haute finance perdit une grande bataille. Alors que les industriels et affairistes pensèrent pouvoir ajuster le dernier grand monarque autrichien, ils se virent rapidement prendre à leur propre jeu aussitôt qu'il entama sa politique de mise-au-pas de l…